Gestes responsables

PRATIQUER DES SPORTS D'HIVER PLUS VERTS

Publié en décembre 2022 

Pour beaucoup d'entre nous, quelques centimètres de poudre sur les sommets suffisent à faire naître une irrépressible envie de glisse. A skis, en snowboard ou sur une luge, les sports d'hiver font partie des plaisirs hivernaux. Mais leur impact environnemental interpelle.

Un ciel bleu, de la neige en abondance, l'appel des pistes se fait sentir. Les porte-skis sont fixés sur le toit. Les lattes et les habits chauds retrouvent la lumière du jour. Et toute la famille embarque pour une journée de glisse, le coeur léger. Cependant...


LA VOITURE, BÊTE NOIRE AU PAYS DE L'OR BLANC


En Suisse, 95 % des skieurs rejoignent les domaines skiables en voiture. Ce chiffre, obtenu auprès des abonnés du Magic Pass, explique en partie l'ampleur des bouchons sur les routes des stations. Malgré cela, la voiture conserve de nombreux avantages et permet de transporter facilement son matériel sans avoir à se soucier des correspondances ou des horaires. Mais cette omniprésence de l'automobile alourdit l'impact environnemental du ski. Ainsi, le simple déplacement des skieurs représente entre 50 % et 70 % de l'empreinte carbone des stations.

Pour encourager la mobilité douce, les destinations proposent depuis longtemps des tarifs préférentiels combinant un forfait de ski et un billet de transports publics. Certaines veulent aller plus loin. Depuis 2019, le train Verbier Express permet par exemple de relier Genève au Châble en deux heures et sans changement. Dès cet hiver, une ligne similaire sera lancée au départ de Fribourg. D'autres stations organisent des bus depuis les centres urbains. Et si pour certains, la voiture demeure indispensable, mieux vaudrait privilégier le covoiturage et les domaines skiables proches.


L'HIVER NE SE LIMITE PAS AU SKI


Le ski fait partie des symboles de la Suisse et est pratiqué par 35 % des Helvètes, selon l'étude « Sport Suisse 2020 ». L'hiver dernier,
avec l'apport des touristes, 25 millions de journéesskieur ont été comptabilisées dans le pays. Pourtant, le ski alpin est l'une des activités hivernales les plus polluantes. Entre l'enneigement artificiel, la préparation nocturne des pistes et le fonctionnement des installations, les sports de descente nécessitent d'imposantes infrastructures très gourmandes en énergie.

Des alternatives existent. Le ski de randonnée, par exemple, connaît un essor fulgurant, en particulier dans les pays ayant fermé leurs pistes durant la pandémie. Toujours sur des lattes, le ski de fond permet de ressentir les plaisirs de la glisse sans gravir les montagnes. Et pourquoi pas une sortie en raquettes, au calme, pour s'aérer le corps et l'esprit ? Pour les amateurs de sensations fortes, le bonheur se trouve peut-être dans le snowkite. Le principe ? Des skis aux pieds, une voile tenue à bout de bras. Comme du kitesurf, mais sur de la neige.


S'ÉQUIPER DIFFÉREMMENT


Pour toutes ces disciplines, s'équiper est une nécessité. Il faut des vêtements, et du matériel qui sommeille à la cave une bonne partie de l'année. Au chapitre de l'habillement, il est possible d'opter pour des marques écoresponsables qui utilisent uniquement des matières recyclées et des fibres naturelles. De manière générale, un pull en laine naturelle sera toujours plus respectueux de l'environnement qu'un polaire synthétique. Et contrairement à ceux que tricotait grand-maman, ces vêtements ne piquent désormais plus vraiment. Pour les habits comme pour le matériel, il est bon de se souvenir que le seconde main évite la surconsommation. Tout comme louer plutôt qu'acheter. Enfin, une luge ou des skis en bois et non en plastique permettent de glisser l'esprit léger et confèrent un style rétro plus tendance que jamais !

VERS LA FIN DES SPORTS D'HIVER ?

Avec le changement climatique, l'or blanc se raréfie et les canons à neige deviennent incontournables.

En Valais, la neige artificielle recouvre 40 % de la surface des pistes, d'après les recherches du Nouvelliste. Mais ces engins consomment énormément d'eau et d'électricité et se vendent à prix d'or.

Ainsi, toujours selon ce quotidien, chaque kilomètre de piste « canonnée » coûte un million de francs lors de l'installation, puis 25 000 francs par an en exploitation. Pour de nombreuses petites stations, ce coût est trop élevé.

Or, sans ces précieux canons, garantir un enneigement suffisant pourrait devenir impossible. L'avenir de ces domaines skiables est donc incertain.

POUR ALLER PLUS LOIN

ILS RENONCENT AU SKI POUR L’ÉCOLOGIE

On connaissait le flight shaming, en français la honte écologique de prendre l’avion. Et voilà qu’apparaît, chez de plus en plus de jeunes, le ski shaming. Pour eux, le ski est un plaisir trop dommageable pour l’environnement. Y renoncer est donc la meilleure des options.


La tendance est née en Autriche où la presse a abondamment commenté le Skischam. Si aucune statistique ne permet de saisir l’ampleur de ce phénomène, les motivations de ces ex-skieurs sont connues. Ils dénoncent le tourisme de masse et l’impact environnemental du ski sur les écosystèmes. Principale cause de pollution, le transport est pointé du doigt. En effet, le simple déplacement des skieurs représente entre 50 et 70% du bilan carbone des stations : la faute à l’omniprésence de l’automobile.

EN SUISSE AUSSI


Pour comprendre ce raisonnement, le quotidien Le Temps a rencontré une jeune Romande ayant renoncé aux sports d’hiver. Avec sa famille, Jo, 23 ans a toujours emprunté les transports publics pour se rendre à la montagne. Mais à l’adolescence, un sentiment de culpabilité est né. Elle l’explique : « Les effets négatifs du ski pour l’environnement, ce n’est pas que l’empreinte carbone du voyage pour s’y rendre », dit-elle au Temps. « Ce sont aussi les animaux que les gens dérangent en pratiquant le ski de randonnée ou la flore qui est détruite pour construire une piste de ski. » La jeune femme d’Yverdon dit ne pas regretter son choix et précise que sa sœur pourrait l’imiter.

LA HONTE DE NE PAS AVOIR HONTE ?


Dans les médias, cette tendance fait couler beaucoup d’encre. En Autriche, le journal Kurier souligne ainsi que la honte n’a jamais été aussi présente dans la société. Honte de couper un sapin de Noël, de manger de la viande, de prendre l’avion, de skier ... « Alors vous devriez avoir honte de pas avoir encore honte de quelque chose », conclut malicieusement le journaliste Andreas Schwarz.


Plus sérieusement, pour l’ONG Protect Our Winters (POW), interrogée par Le Temps, la culpabilisation de la pratique d’une activité en raison de son empreinte écologique n’est pas un bon argument pour entraîner un nombre significatif de gens à changer leur comportement. Pour la représentante de POW, Audrey Bovey, « l’accent doit plutôt être mis sur les façons dont les gens peuvent changer leur mobilité pour venir à la montagne ». En clair, repenser sa façon de pratiquer les sports d’hiver. Sans honte.