Pour beaucoup, le zéro déchet est une utopie. Pourtant, la démarche fait de plus en plus d’adeptes. Si consommer sans générer de détritus reste difficile, certaines astuces permettent de diminuer facilement le volume de son sac-poubelle.
Nos poubelles débordent ! En l’espace de cinquante ans, leur poids a plus que doublé. Avec 703 kilos d’or-dures par habitant, la Suisse figure aujourd’hui sur le podium des plus gros producteurs du continent. Selon l’Office européen de la statistique, Eurostat, seuls les Danois et les Norvégiens font pire, alors que la moyenne européenne est de 492 kilos. Ainsi, en une vie, un Suisse remplit environ 13 000 sacs de 35 litres de déchets. Maigre consolation, la moitié de cette montagne d’ordures est recyclée. Or, le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas.
Pour alléger sa poubelle, il faut commencer par al-léger son Caddie. Les emballages représentent une part importante de nos ordures. Une solution se des-sine, la vente en vrac. La démarche, d’abord pratiquée par certaines enseignes spécialisées, a fini par emballer la grande distribution. Outre les céréales et les pâtes, il est désormais possible de se fournir en liquide vaisselle, en fruits secs ou encore en boissons. Attention toutefois aux tarifs. En septembre dernier, le magazine Bon à Savoir pointait du doigt les marges des supermarchés dans ces rayons. Un exemple : une bière vendue en vrac CHF 4.95 le litre contre CHF 3.95 en canette (+25 %). Comme toujours, mieux vaut donc être attentif au prix et privilégier les enseignes qui ne plument pas leurs clients.
Ceux qui ne sont pas prêts à renoncer aux emballages peuvent simplement les réduire. Pensez ainsi à passer au comptoir du boucher plutôt qu’au réfrigérateur de barquettes. Idem avec les fromages souvent disponibles à la coupe. Pour les fruits et légumes, un petit sachet en tissu remplace parfaitement les traditionnels sacs plastiques. Ailleurs, optez pour des emballages ré-utilisables ou au moins recyclables. Mais un rayon pose problème, celui des surgelés. En Suisse, il est interdit de vendre des produits congelés en vrac. La règle pourrait bientôt changer, une révision de l’ordonnance fédérale sur l’hygiène étant en préparation. Bientôt, les carottes et petits pois devraient aussi pouvoir être vendus au gramme près. Une façon de lutter efficacement contre le suremballage et le gaspillage alimentaire.
En Suisse, le recyclage fonctionne bien. Un peu plus de la moitié de nos ordures sont recyclées, mais le potentiel est encore grand. Au printemps 2019, l’Etat de Genève a décidé d’« autopsier » les poubelles du canton. Une cinquantaine d’échantillons ont été prélevés. Résultat, la moitié de leur contenu aurait pu être valorisé. Parmi ces restes, on retrouve une majorité de déchets alimentaires qui devraient être compostés au lieu d’être incinérés. L’étude a aussi mis en lumière la présence d’autres matières recyclables comme du papier et carton, du verre ou encore des métaux. Il est donc possible de mieux faire, même si la tendance actuelle est positive. A Genève, depuis 2011, la quantité d’ordures ménagères a diminué de 14 % malgré l’augmentation de la population. Dans le même temps, la part de déchets récupérés a augmenté.
Mais dans ces poubelles examinées, il y avait aussi de nombreux aliments encore consommables. Le gaspillage alimentaire demeure en effet problématique. Selon l’Office fédéral de l’environnement, 2.8 millions de tonnes de denrées comestibles sont perdues chaque année, soit 330 kilos par an et par personne. Le consommateur n’est pas le seul responsable, puisque des pertes interviennent à chaque étape de la filière alimentaire. Mais 38 % des aliments sont directement jetés par les ménages. Les citoyens ont donc aussi leur rôle à jouer pour réduire la surconsommation.
Nos déchets finissent souvent à l’incinérateur après une trop courte existence. Pour éviter de générer des montagnes de détritus, réutilisons ! Au restaurant à l’emporter, par exemple, en mettant son menu dans un récipient lavable et non jetable. Certains établissements proposent même des réductions aux clients qui optent pour cette solution écoresponsable. Plus largement, de nombreux objets existent en version ré-utilisable. Citons les piles, les gobelets, les bouteilles ou encore les sacs. Il suffit d’y penser.
Les produits de seconde main représentent aussi une alternative intéressante à l’achat de neuf. Cette dé-marche permet de préserver les ressources en évitant la production d’un nouveau produit ainsi que son trans-port et son emballage. La pratique se développe, à tel point que certaines enseignes de meubles proposent désormais un rayon dédié aux occasions. Et puis il y a aussi la possibilité d’emprunter au lieu d’acheter. Que ce soit un jouet dans une ludothèque ou une perceuse dans une bricothèque, tout ou presque est disponible en location. Et si on s’y mettait ?